Qui n’a pas son Minotaure?

La première version de Qui n’a pas son Minotaure ?, « Ariane et l’Aventurier », a été rédigée au début des années trente, avant Feux. Marguerite Yourcenar oppose dans la pièce le désir de pureté et d’absolu d’Ariane à la volupté de Phèdre et à la petitesse de Thésée. On y assiste à une entreprise de désintégration du mythe : l’épisode crétois de la légende de Thésée, bien loin d’ériger le fils d’Égée en héros, comme dans la tradition, révèle ici un être faible et veule songeant plus à son image de marque qu’au sort des victimes et n’entrant que grâce au secours d’Ariane dans un labyrinthe qui n’est autre que son propre moi et où il est incapable de rien reconnaître. Le Minotaure qu’il croit avoir tué n’est qu’une image de lui-même qu’il n’a pas su identifier. Le monstre demeure éternellement vivant car il est constitué, pour chacun, de ses propres démons. Marguerite Yourcenar rénove le mythe de Thésée en déconstruisant la figure du héros : on y trouve les préoccupations qu’avait alors l’auteur : une interrogation sur l’identité, la quête de soi ; mais aussi la quête de l’absolu avec le personnage d’Ariane, qui déçue par la veulerie de Thésée se tourne vers la divinité, Bacchus/Dieu.

« Ariane et l’aventurier », Cahiers du Sud, 219, août-sept. 1939, p. 59-60, 80-106.

« Mythologie III. Ariane-Électre », Les Lettres Françaises (Buenos Aires), 15, 1er janv. 1945, p. 36-45.

« Ariane et l’aventurier », Cahiers du Sud, 1960.

« Thésée, mythe éternel », Le Figaro, 895, 15 juin 1963), p. 4.

    

Le Mystère d’Alceste, suivi de : Qui n’a pas son Minotaure ?, Paris, Plon, 1963, 277 p. [publication en volume des deux pièces et des préfaces) (p.11-45 : « Examen d’Alceste » ; p.155-180 : « Thésée : aspects d’une légende et fragment d’une autobiographie »].

Théâtre II : Électre ou la Chute des masquesLe Mystère d’AlcesteQui n’a pas son Minotaure ?, Paris, Gallimard, 1971, 231 p., coll. Blanche.

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